« Je n’arrive pas à comprendre comment il se fait que depuis des siècles, des siècles, des siècles les hommes acceptent de vivre ou de mourir dans ces conditions intolérables. Accepter d’exister avec la hantise de la mort, dans la guerre, dans la douleur sans réagir véritablement, hautement, définitivement. Comment l’humanité a-t-elle pu accepter d’être là, jetée là, sans aucune explication. Nous sommes pris dans une sorte de piège collectif et nous ne nous révoltons même pas sérieusement. »
« J’ai l’impression de faire partie de cette majorité silencieuse qui parle, c’est-à-dire que j’ai l’impression d’être, comme vous le dites, quelqu’un qui résiste. J’ai toujours eu la tentation de m’opposer aux affirmations publiques, aux affirmations générales, parce que chaque affirmation que l’on fait est en réalité un slogan. Les idéologues occidentaux qui parlent de lutte de classes, de société idéale ou de dogmes politiques plus précis, ne faisaient qu’emprunter les slogans qui étaient bien formulés et bien pensés et bien répandus. »
« On ne change pas; la situation change. On peut être mis dans des conditions meilleures ou pires, c’est toujours moi qui suis au milieu, le même dans mon essence intime. »
« Je crains la réalisation généralisée de l'utopie. Je dois développer cette idée. J'ai peur d'une transformation de l'homme, d'une mutation de l'humanité. L'idéal égalitaire est l'une des expressions de ce danger. »
Dans les semaines à venir, mon hommage à Eugène Ionesco fêtera ses 25 ans. Le souvenir de ce qu'Eugène Ionesco a communiqué à travers ses œuvres et au-delà me semble aujourd'hui plus important et aussi plus inutile que jamais.